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samedi 10 septembre 2016

592-LES TOMBES DE LA FAMILLE GARIBALDI AU CIMETIÈRE DU CHÂTEAU, NICE-1




1-La Tombe de Rosa Garibaldi


- Nice, Cimetière du Château, plateau d'entrée : GILIBERT A. G. (?-?), Tombe de Rosa Garibaldi (décédée en 1852), février 1903,
carte postale avec tirage photographique sur papier albuminé collé sur carton (collection personnelle),
avec au verso, les trois textes suivants tamponnés à l'encre violette : 
A. G. Gilibert - GENÈVE ; 
CARTE POSTALE ; 
Recevez nos meilleurs compliments.
En fait, j'ai pu dater cette photographie, un an après la publication de cet article. J'ai pu en effet retrouver l'ensemble des photographies auquel appartenaient ces photos qui concernaient majoritairement le Carnaval de Nice. J'ai pu identifier les chars et ainsi retrouver l'année.



Dernier achat en date, cette carte postale ancienne du Cimetière du Château qui ne comporte aucune identification de lieu ni de date mais qui est manifestement une vue d'une rangée de tombes du Plateau d'entrée du cimetière, axée sur la Tombe de Rosa Garibaldi.

Maria Rosa Nicoletta Raimondi (Loano, près de Gênes, 1776 - Nice, 1852), souvent dénommée Signa Rosa, épouse le 1er février 1791 Gian Domenico Antonio Garibaldi (Chiavari, près de Gênes, 1766 - 1841) et devient la mère de six enfants dont Giuseppe Maria Garibaldi (Nice, Le Port, 4 juillet 1807 - Caprera, petite île au nord de la Sardaigne, Italie, 2 juin 1882). 

- Portrait de Rosa Garibaldi, publié dans une revue italienne de 1892,
gravure (inversée) d'après le portrait peint accroché dans la chambre de Giuseppe Garibaldi à Caprera
 et désormais conservé à Rome, Museo Nazionale del Risorgimento,


Rosa Garibaldi est décédée, à plus de 76 ans, le 19 mars 1852 (et non le 17 ou le 20 mars comme on trouve souvent) et ses cendres ont été inhumées au Cimetière du Château le lendemain. 
"Hier au soir, lit-on dans L'Avenir de Nice du 21 mars, les restes mortels de Mme Garibaldi, la mère de l'illustre patriote, ont été conduits à leur dernière demeure, au milieu d'un cortège immense, de parents, d'amis et d'étrangers, et dans un pieux recueillement. Les coins du poèle étaient maintenus par quatre proscrits de la démocratie européenne, un français, un italien, un polonais et un russe. Tous les membres de l'émigration italienne et de l'émigration française qui se trouvent à Nice fesaient (sic) partie du convoi, et parmi eux marchaient une douzaine de dames. La population niçoise s'est associée avec empressement à cette imposante cérémonie. Le convoi, au sortir de la maison mortuaire comptait déjà au moins 800 personnes, et il s'est grossi tout au long de sa marche. La nuit était tout à fait venue lorsque le convoi monta le sentier onduleux qui conduit au cimetière du château (...). Aucun discours na été prononcé, aucune voix extérieure n'est venue détourner l'âme des assistants des pensées austères et tristes qui les tenaient penchés sur cette fosse (...)".

Rosa Garibaldi a été inhumée dans la concession 74d (numérotation sur plan). Cette concession située "à l'une des extrémités du terre-plein du cimetière" (Le Petit Niçois du 3 juin 1885), subsiste encore au nord-est du Plateau d'entrée mais le mur d'enceinte (visible sur la photo) qui séparait le "Plateau d'entrée" et le "Petit cimetière" actuels a disparu et ne subsiste que par quelques fragments. 


- Nice, Cimetière du Château : localisation sur le plan du cimetière chrétien
 de la Tombe de Rosa Garibaldi (n° 7 entouré de rouge - le sud est à droite).


Il semble (?) que la jeune sœur de Giuseppe Garibaldi, Teresa (1817-1820), décédée à 3 ans dans l'incendie de la maison familiale, ait été inhumée avec sa mère. La plaque funéraire de Teresa est citée par Henri Sappia en 1898 : "Tout près [des tombeaux d'Antoine Risso et Louis Durante], enchâssé dans la muraille [mur sud du Plateau d'Entrée], on voit une petite plaque en marbre avec ces mots : Teresa, figlia di Domenico Garibaldi e di Rosa Raimondi, nata il 5 maggio 1817, morta il 17 febbraio 1820" (Le Petit Niçois du 1er novembre 1898 p 1).


- Plaque funéraire de Teresa Garibaldi, enchâssée dans le mur sud du cimetière, en arrière de la tombe d'Antoine Risso,
dessin publié avec la suite de l'article d'Henri Sappia dans Le Petit Niçois du 4 novembre 1898 p 2.


Certaines des concessions voisines de celle de Rosa Garibaldi datent de 1852, ce qui laisse penser que la concession Garibaldi date de l'année de la mort de Rosa et que c'est Teresa qui a rejoint (date ?) cette dernière dans la tombe.

Le Petit Niçois du 3 juillet 1907 page 4 (Centenaire de la naissance de Joseph Garibaldi) indique que la Tombe de Rosa Garibaldi contient les cendres de son époux Domenico (1766-1841) et celles de leurs enfants, Félice (décédé en 1856) et Michele (décédé le 22 juillet 1866), frères de Giuseppe. Si la date du regroupement de la dépouille de Domenico avec celle de Rosa reste inconnue, il est probable que les deux fils aient été inhumés auprès de leur mère dans les jours qui ont suivi leur décès (Michele, Journal de Nice du 23 juillet 1866 p 3).


- Nice, Cimetière du Château, plateau d'entrée : Tombe de Rosa Garibaldi (Loano, 1776 - Nice, 1852), détail de la carte postale ancienne, 1903 ;
 tirage photographique sur papier albuminé collé sur carton,
avec au verso, les trois textes suivants tamponnés à l'encre violette : 
A. G. Gilibert - GENÈVE ; 
CARTE POSTALE ; 
Recevez nos meilleurs compliments.


Sur la photographie, la Tombe de Rosa Garibaldi se trouve sur la gauche, précédée d'une large couronne de fleurs dont le ruban porte, "La Ville de Nice - à J. Garibali". Une plate-tombe gravée et entourée d'une grille est dominée par un monticule chargé de fleurs puis par la superposition de deux stèles néoclassiques de marbre blanc, gravées de nombreuses inscriptions.

Les inscriptions, toujours lisibles aujourd'hui, de la plate-tombe sont les suivantes : 

"ROSA GARIBALDI
PIA PORTE VIRTUOSA
MORTA IL 19 MARZO 1852
GLI EMIGRATI DI VARIE NAZIONI
ED NICESI
ONORANDO DELLA MADRE
L'INCLITO FIGLIO
IL GENERALE
GIUSEPPE GARIBALDI
QUESTA MEMORIA POSERO
_._

CURANTI B.BUNICO G.DEIDERY A.ZANETTI"


L'inscription cite donc Rosa mais également son célèbre fils, le Général Giuseppe Garibaldi. Les signataires de l'inscription gravée, Benedetto Bunico (1801-1863, député de Nice), Giuseppe Daideri (ami de Giuseppe, en charge de ses enfants - général ?) et Alessandro Zanetti sont également les organisateurs d'une messe dédiée à Rosa Garibaldi, organisée à la cathédrale Sainte-Réparate de Nice, le 27 mars 1852 (cf. : Gustavo Sacerdote, La Vita di Giuseppe Garibaldi, 1933 p 48 et voir le document sur nicerendezvous.com : Garibaldi, le second exil (1849-1854)). Giuseppe ne pourra venir se recueillir sur la tombe de sa mère qu'en mai 1854.

Sur les stèles superposées sont inscrits les textes suivants. Sur la stèle supérieure :

"GIUSEPPE GARIBALDI

PRIMO CAVALIERE DELLA GRAN CAUSA
DELL'UMANITÀ  
IL PIU GRANDE EROE DEL SECOLO XIX
DA MONTEVIDEO A DIGIONE
BRACCIO ED AZIONE DI 

GIUSEPPE MAZZINI 

UNITE LA PENNA E LA SPADA
EBBERO DI ROTTA LA FORZA DEI COMUNI LA FEDE
COLLA REPUBLICA RISORTA
SU QUESTA TERRA CHE GLI FU CUNA CHE RACCHIUDI
LE CENERI DELLA MADRE SUA E D'ANNITA
A
MEMORIA PERENNE DEL PERDUTO DUCE DEL POPOLO
INCITAMENTO AI FIACCHI ESEMPIO AI FORTI
_______

IL CIRCOLO REPUBLICANO INTRANSIGENTE G.MAZZINI
SEDE DI NIZZA
PONEVA
IL XXII GIUGNO MDCCCLXXXV"



Sur la stèle inférieure :

"À LA MÉMOIRE IMPÉRISSABLE
DU PLUS ILLUSTRE NIÇOIS
JOSEPH GARIBALDI
LA VILLE DE NICE
ET LES COMPAGNONS D'ARMES, SES CONCITOYENS
DÉDIENT CETTE PLAQUE COMMÉMORATIVE
NICE 4 JUILLET 1807                   CAPRERA 2 JUIN 1882
2 JUIN 1883"



La pose de chacune des plaques commémoratives est datée. La stèle du bas, couronnée d'un petit fronton sculpté d'une couronne accostée de phylactères a été inaugurée lors du premier anniversaire de la mort de Giuseppe Garibaldi (mort le 2 juin 1882, à près de 75 ans ; son corps embaumé a été inhumé à Caprera, sur sa petite île privée au nord de la Sardaigne). La tombe de Rosa Garibaldi a donc été transformée en cénotaphe de son fils Giuseppe. 

"JOSEPH GARIBALDI - Il y a un an aujourd'hui le héros Niçois, dont le nom était légendaire dans tout l'Univers, s'éteignait sur le rocher de Caprera.
Quand des hommes comme Garibaldi meurent, l'humanité entière en porte le deuil car ces hommes n'appartiennent ni à une ville, ni à une province, ni à une nation ; ils appartiennent à l'humanité (...).
Aimant l'Italie, comme un fils sa mère, Garibaldi tira vingt fois l'épée contre les Allemands, contre les Français, contre les troupes nationales mêmes, quand la liberté de l'Italie était en jeu ; mais quand les soldats du roi de Prusse envahirent le sol de la République française, il oublia Mentana et vint, avec ses braves volontaires, occuper les défilés des Vosges (...).
Honneurs à Garibaldi - La plaque commémorative que la Ville de Nice et les compagnons d'armes de Garibaldi ont décidé de placer sur la tombe de la famille du général, sera inaugurée aujourd'hui (...)"(Le Petit Niçois du 2 juin 1883).

Le Petit Niçois du lendemain relate la cérémonie : "La Municipalité de Nice s'est rendue hier matin au cimetière du Château et a déposé deux couronnes d'immortelles et deux superbes bouquets sur la tombe de la mère de l'illustre citoyen niçois : Joseph Garibaldi".

La stèle du haut, offerte par le Cercle républicain niçois G.Mazzini, lors du 80ème anniversaire de la naissance de ce dernier, le 22 juin 1885, est donc tout à la fois un hommage à Giuseppe Garibaldi mais aussi à Giuseppe Mazzini, autre célèbre partisan de l'unité italienne (né le 22 juin 1805 à Gênes et décédé le 10 mars 1872, à près de 67 ans). La tombe est ainsi transformée en symbole des idées républicaines.

Le Petit Niçois (mardi 23 juin 1885) qui relate le lendemain la cérémonie dit que "Cette plaque est très bien exécutée par MM. Raggia Decembrini et Pelloli ; au milieu sont des faisceaux romains et sur les côtés des bas-reliefs représentant Garibaldi et Mazzini" (sur Antonio Pelloli, sculpteur triestois, né à Bedero, élève de l'Académie de Milan, connu dès le milieu du XIX° siècle, cf. notamment, Vincenzo de Drago, Una Passeggiata alle Tombe. Pensieri e descrizioni sui monumenti ed epitaffi dei cimiteri di Trieste, 1870 p 214).

Cette description est étonnante car elle révèle les auteurs de la plaque mais cite des bas-reliefs que la photo ancienne ne laisse pas apercevoir. Quant à la stèle actuelle, elle ne risque pas de montrer ces derniers car elle n'est pas la stèle originelle mais une copie de remplacement récente, à la découpe supérieure différente et au texte certes identique mais mis en page avec quelques variantes (passages à la ligne).

La plaque rend également hommage à la terre de Nice (rattachée à la France depuis 1860) qui a recueilli les cendres de Rosa mais également d'Annita (ou Anita) Garibaldi. 

Annita (Anna Maria De Jesus Ribeiro, Morrinhos, Brésil, 30 août 1821- Mandriole di Ravenna, Italie, 4 août 1849), décédée en Italie à 28 ans, est la première épouse de Giuseppe, avec laquelle il a eu 4 enfants. Ses cendres ont été rapatriées à Nice le 11 novembre 1859 et déposées à l'entrée du Cimetière du Château, dans la chapelle Sainte-Madeleine. "On sait que la dépouille mortelle d'Anita Garibaldi, lit-on dans Le Petit Niçois du 3 juillet 1907, a été emmurée dans la petite chapelle à l'entrée de la nécropole". Elle sera, le 28 mars 1909, honorée par une plaque de marbre placée sur le mur nord externe de la chapelle.

Le cortège des cérémonies de l'époque (depuis 1882, avec 15.000 personnes) se forme (ou se termine) sur la Place Garibaldi (dénommée ainsi de son vivant en 1870 ; avec un projet de Monument dès juin 1882, qui aboutira à l'inauguration du 4 octobre 1891), avant de gagner le Cimetière de la colline du Château (tôt le matin) par la Montée Éberlé, afin de rendre hommage au grand homme par l'intermédiaire des sépultures de sa mère et de sa femme. Sur ces sépultures, des gerbes de fleurs sont déposées, et auprès d'elles des discours vibrants sont prononcés à l'occasion de l'anniversaire de la mort (puis de la naissance) de Joseph Garibaldi. En 1887, pour le cinquième anniversaire de sa mort, ce sont encore près de 5.000 personnes qui se pressent dans le cortège (Le Petit Niçois du 6 juin 1887).
Il est à noter que le cortège se rend ensuite (depuis 1883) sur la Tombe de Léon Gambetta (allée du Brûloir), cet autre grand patriote, pour y déposer des fleurs. 


- Nice, Cimetière du Château, plateau d'entrée : Tombe de Rosa Garibaldi (Loano, 1776 - Nice, 1852), détail de la carte postale ancienne, 1903 ;
 tirage photographique sur papier albuminé collé sur carton,
avec au verso, les trois textes suivants tamponnés à l'encre violette : 
A. G. Gilibert - GENÈVE ; 
CARTE POSTALE ; 
Recevez nos meilleurs compliments.


La photographie ancienne appartient à un fonds privé daté approximativement des années 1900-1920. Le verso de la carte dévoile le nom de son auteur, le photographe suisse (Genève) A.G.Gilibert (?-?), sans qu'il soit possible de l'identifier avec l'architecte et photographe parisien Albert Gilibert (?-?), connu dès la fin du XIX° siècle (1897) et le début du siècle suivant (1900-1930). Les éléments présents sur la photographie peuvent-ils permettre une datation plus précise du cliché ?

Le fait d'utiliser un vrai tirage photographique (et non une impression) évoque la fin du XIX° siècle ou les premières années du siècle suivant.
La présence du monticule chargé de fleurs sur la Tombe Garibaldi peut évoquer, pour sa part, tout aussi bien la cérémonie de 1882 que des cérémonies postérieures.
La concession de la tombe voisine surmontée d'une urne montrée par la photographie (sur la droite, Famille H.B.) date, comme celle de Rosa Garibaldi, de mars 1852 (décès du 15 mars) et ne nous fournit donc pas non plus de repère chronologique plus précis. 
La Tombe plus à droite, visible par sa seule grille et ses couronnes de fleurs devait être, elle aussi, contemporaine de la Tombe Garibaldi ; elle a disparu et sa concession a été revendue dans les années 1980 (Famille B.)

Par contre, la haute stèle chargée de couronnes située à l'arrière (sans passage) de la Tombe Garibaldi (Familles C. et A) implique, par le numéro de sa concession (n° 2415) et ses inscriptions (visibles sur la photo et encore lisibles sur place) le début des années 1890. L'accumulation des couronnes de fleurs masque malheureusement les écritures du bas de la stèle qui auraient permis de vérifier la présence des dates des inhumations postérieures.

Cette tombe fournit cependant des renseignements précieux car la dédicace sur le haut de la stèle (visible sur la photo et lisible sur place) est faite à une jeune femme et son enfant décédés en février 1891 et les autres inscriptions (visibles et lisibles seulement sur place) renvoient au plus tôt à des décès datés de 1892, 1893 et 1894. Le numéro de la concession (n° 2415) indique sans ambiguïté cependant une date d'achat en novembre ou décembre 1893, ce qui signifie que cette nouvelle concession a réuni, à l'occasion d'un décès en 1893, des membres de la famille décédés auparavant (1891, 1892), rapatriés d'une autre concession, voire d'un autre cimetière.
La photographie est donc postérieure à la fin de l'année 1893 et ne peut être datée avant 1894, du fait du temps nécessaire à l'érection du monument.

Le cliché a-t-il été pris à l'occasion du passage impromptu du photographe au cimetière de Nice ou bien a-t-il été motivé par une cérémonie particulière comme le vingtième anniversaire de la mort de Giuseppe Garibaldi en juin 1902 ou encore le Centenaire de sa naissance en juillet 1907 ?

Si l'on suit, dans Le Petit Journal, le compte-rendu des manifestations devant la Tombe de Rosa Garibaldi, il semble que ces dernières culminent de 1882 (mort de Giuseppe) à 1891 (érection du Monument à Garibaldi sur la place éponyme). Le 7 juin 1891, le "pèlerinage au Château" est encore une cérémonie très importante. Cependant, dès l'inauguration en ville du Monument à Garibaldi le 4 octobre 1891, le culte rendu au grand homme se déplace auprès de ce monument et les traditionnelles montées au cimetière semblent devenir moins importantes. L'organisation des Fêtes du Centenaire de sa naissance en juillet 1907 relance cependant l'intérêt pour les membres de sa famille inhumés au cimetière avec, de plus, le projet d'un Monument à Annita Garibaldi.

Les articles publiés, chaque année, par Le Petit Niçois sur les Fêtes de la Toussaint et le Jour des Morts dans les cimetières niçois, sont parfois riches en enseignements. Le journal du 2 novembre 1891 (page 2) nous apprend ainsi que le Tombeau de la mère de Garibaldi "disparaît sous l'amoncellement des couronnes qui ont été déposées le 4 octobre aux pieds de la statue du héros de Dijon (Place Garibaldi) et qui depuis ont été transportées au Château".
Nous avons peut-être là, l'origine de l'accumulation des fleurs visibles sur la photo, la grande couronne posée sur le devant de la plate tombe étant probablement celle de la municipalité, dédiée "A Joseph Garibaldi". 
Ces fleurs ont dû rester plusieurs années sur la tombe (des couronnes semblables sont restées 25 ans sur la Pyramide du cimetière dédiée à Gambetta) et être organisées sur une structure éphémère en forme de chapelle pyramidale. Cette structure a disparu avant 1907, comme le prouve la photo ci-dessous accompagnant un article qui relate la déambulation de novembre et cite, parmi les tombes les plus visitées alors, celles de la Famille Garibaldi en premier "Au Cimetière du Château, la foule est nombreuse. Elle salue les tombes historiques ; celle de Signa Rosa, mère de Garibaldi ; d'Anita, la douce et chère compagne du héros niçois..." (Le Petit Niçois du 2 novembre 1891 page 2).


- Cimetière du Château, Tombe de Signa Rosa Garibaldi (décédée en 1852), 
photographie publiée dans Le Petit Niçois du 2 novembre 1907 en référence au Jour des Morts
(légendée par erreur Tombeau d'Anita Garibaldi)
et portant les stèles gravées de 1883 et 1885.

Archives Départementales des Alpes-Maritimes, ressources en ligne.



La photo ancienne étudiée date de cette période où le souvenir de Joseph Garibaldi a été le plus célébré (1882-1909) car il s'agit bien d'une carte postale, destinée à être vendue et à circuler. Cette carte est, de plus, postérieure à 1885 (présence des deux stèles sur la Tombe de Rosa Garibaldi) et à 1893 (achat de la concession de la tombe des Familles C. et A.), et peut être donc datée entre 1894 (présence du monument de la Tombe des Familles C. et A. recouverte de fleurs) et 1907 (amoncellement de fleurs disparu de la Tombe de Rosa Garibaldi).


- Nice, Cimetière du Château, allée du Brûloir : GILIBERT A. (?-?), Tombe de la Famille Gambetta, février 1903,

carte postale avec tirage photographique sur papier albuminé collé sur carton (collection privée),
cette photographie peut être datée au plus tôt d'avril 1901 du fait que la Pyramide n'est plus visible à l'arrière de la tombe et que la structure métallique triangulaire entourant la pancarte du "Tombeau de Gambetta", placée pour les fêtes du 8 et 9 avril 1901 est toujours en place à la tête du tombeau. 
La photo ne montre pas cependant l'amoncellement de couronnes dû à cette cérémonie, ces dernières ayant été pour la plupart placées autour de la Pyramide de Gambetta. 
En fait, j'ai pu dater cette photographie, un an après la publication de cet article. J'ai pu en effet retrouver l'ensemble des photographies auquel appartenaient ces photos qui concernaient majoritairement le Carnaval de Nice. J'ai pu identifier les chars et ainsi retrouver l'année.


Cependant, un autre cliché du photographe a été pris au Cimetière du Château. Il s'agit d'une photographie (ci-dessus) du Tombeau de la Famille Gambetta qui peut être datée entre 1901 et 1909. Il est possible que la Tombe de Rosa Garibaldi ait été ornée ainsi à l'occasion de la venue du Président de la République, Emile Loubet, sur la Tombe de Gambetta le 9 avril 1901. Nous savons d'ailleurs, qu'après avoir rendu hommage à Gambetta, le Président Loubet s'est arrêté un instant sur la tombe "du général (sic) Garibaldi" (Le Petit Niçois du 10 avril 1901 p 7), celle "de Signa Rosa, mère de Garibaldi" (L’Éclaireur de Nice et du Sud-Est p 1)
Il semble ainsi crédible d'attribuer la même date à la photographie ancienne de la Tombe de Rosa Garibaldi, soit entre 1901 et 1909, et plus probablement entre 1901 et 1907.

N.B. : En fait, j'ai pu dater ces photographies des Tombeaux d'Anitta Garibaldi et Léon Gambetta, plus d'un an après la publication de cet article. J'ai en effet retrouvé l'ensemble des photographies auquel appartenaient ces photos qui concernaient majoritairement le Carnaval de Nice. J'ai pu identifier les chars et ainsi retrouver l'année : février 1903. A.G. Gilibert, présent à Nice à l'occasion du Carnaval, en a profité pour faire quelques excursions et a notamment visité le Cimetière du Château et photographié les tombes célèbres.




- Vue de l'allée Garibaldi du Plateau d'entrée du Cimetière du Château, avec la Tombe de Rosa Garibaldi (décédée en 1852),
vues de trois quarts, tirage noir et blanc sur papier albuminé, 1903,
et photographie numérique couleur de septembre 2016.


- En tête de la Tombe de Rosa Garibaldi, les plaques commémoratives de juin 1883 et de juin 1885 (copie de remplacement).


- Vue de l'allée Garibaldi du Plateau d'entrée du Cimetière du Château, avec la Tombe de Rosa Garibaldi (décédée en 1852),
berceau, plate tombe gravée et plaques commémoratives superposées de juin 1883 et 1885,
vue frontale, photographie de septembre 2016.


- Vases et fleurs déposés en tête de la Tombe de Rosa Garibaldi,
photographie de septembre 2016.