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vendredi 21 novembre 2014

285-STAGE DE SÉRIGRAPHIE À LA VILLA ARSON-1




- Réserve des pots d'encres de l'Atelier sérigraphie, Villa Arson.



PHASE 1 : CRÉATION DU TYPON

En prévision de ce stage de sérigraphie à la Villa Arson (Nice, Ecole des Beaux-Arts), les élèves de 1L1 réalisent, au lycée Apollinaire les lundis 3 et 10 novembre 2014, de petites natures mortes au crayon (interprétations d'après les photos ci-dessous) sur format A4 (21x29,7 cm). 

- Natures mortes, photographies, respectivement de Fabrice LAU TIM LING, et d'Agathea PILLOT.

Ils isolent ensuite, grâce à une fenêtre découpée (positionnée obliquement ou non), un détail de leur production de 14 cm de côté qu'ils passent à l'encre de Chine pure (gris interdits), en équilibrant les noirs et les blancs et en matérialisant la forme carrée de leur image.

Sur des calques collectifs de 40x48 cm, chaque groupe de six élèves refait ensuite son dessin, avec ou sans modification, et l'encre à nouveau selon les mêmes consignes.

1L1, calques collectifs terminés des groupes 1 et 2.

Enfin, chaque élève réalise, sur deux formats Raisin (50x65 cm), deux fonds couleur à l'acrylique diluée (pour un effet aquarellé), reprenant un motif de leur nature morte (interne puis externe à leur carré encré) puis matérialise un rectangle de 40x50 cm encadrant sa production (à 5 cm de distance des bords verticaux de la feuille et à 7,5 cm des bords horizontaux), avec la possibilité de faire passer ce cadre par-dessus et par-dessous leur motif.


Villa Arson, vue de l'entrée et vue partielle de l'intérieur de l'atelier sérigraphie.


Ce vendredi matin 14 novembre, les élèves du groupe 1 des élèves de 1L1 et moi-même nous rendons à la Villa Arson pour cet atelier. Le lycée Apollinaire de Nice a, cette année, renouvelé sa convention avec la Villa Arson. 
La Villa Arson est un établissement public administratif sous tutelle du Ministère de la Culture et de la Communication ; elle réunit Ecole et Centre d'Art dans un site qui intègre une villa du XVIII° siècle et l'architecture horizontale de Michel Marot (1967-1970).
Le professeur Anne Séchet nous accueille, nous fait visiter l'atelier et nous présente la sérigraphie au-travers des travaux affichés.


PHASE 2 : L'INSOLATION


Une fois les élèves équipés d'une blouse ou d'un vieux tee-shirt, Anne Séchet explique comment ce calque réalisé au lycée ou "typon" va permettre de réaliser la matrice puis des tirages multiples, notamment sur les formats Raisin peints à l'acrylique. Elle montre, en déposant le typon sur la table lumineuse, comment les motifs encrés à l'encre de Chine ne sont pas tous aussi noirs qu'ils paraissaient. Elle présente ensuite l'écran qui va être utilisé pour réaliser la matrice, un écran de tissu synthétique (maille standard, 120 fils au cm linéaire), de couleur jaune (contre la diffraction de la lumière) tendu dans un cadre métallique. Le format de l'écran est vérifié par rapport à celui du dessin, afin de sauvegarder un bord tournant de 15 cm de largeur.


Anne Séchet débouche ensuite le pot d'une émulsion mauve dont la couleur est le gage du fait qu'elle n'a pas été déjà utilisée, et y verse la poudre additionnée d'eau d'un flacon qui la rend photosensible. Le mélange est rendu homogène par un élève, l'émulsion perdant alors sa couleur d'origine.


PHASE D'ENDUCTION : Anne Séchet verse ensuite le mélange dans une grande racle creuse d'enduction et attend sa répartition homogène. Puis avec la racle inclinée à 45°, elle répartit l'émulsion, de bas en haut, sur une face de l'écran jaune posé sur le sol et calé obliquement. Enfin, avec la racle droite, elle enlève l'excès d'émulsion de l'écran.

Elle confie ensuite à une élève le soin de faire de même au verso de l'écran puis, après nettoyage des bords du cadre avec des petits rectangles de caoutchouc, place l'écran dans une sécheuse électrique pour une vingtaine de minutes.

Le nettoyage immédiat et indispensable de la racle, au jet d'eau et à la brosse, est confié à un élève.

PHASE DE SOLARISATION OU D'INSOLATION : Sur l'écran retiré de la sécheuse, Anne Séchet positionne désormais le typon encré pour une solarisation brève des parties exposées. C'est la phase d'insolation aux rayons ultra-violets derrière un rideau ; elle permet de cuire l'émulsion et de boucher ainsi les mailles de l'écran, sauf aux parties recouvertes par les motifs du typon, dessinés à l'encre de Chine pour empêcher toute traversée de la lumière.


PHASE 3 : LE DÉVELOPPEMENT

PHASE DE DÉPOUILLEMENT : L'écran une fois ressorti est amené rapidement vers la zone de lavage. L'émulsion a bruni sauf aux endroits des motifs où elle est restée rose. Un lavage, relayé par les élèves, puis un nettoyage au karcher sont ensuite nécessaires pour la phase de dépouillement qui consiste à enlever toute l'émulsion non insolée des zones de motifs (inversés droite-gauche) qui se sont révélés sur l'écran et ainsi déboucher totalement les mailles correspondant aux traits et surfaces qui devront laisser passer l'encre de couleur. A l'aide d'un compte-fils (loupe), chaque élève constate l'ouverture des mailles nettoyées, en opposition aux mailles obturées par l'émulsion durcie.


PHASE 4 : LE TIRAGE

PHASE DE CALAGE : L'impression des motifs carrés devant se faire sur des papiers de format Raisin, le typon des élèves est ensuite minutieusement placé et scotché sur un format identique.

L'écran est pour sa part positionné sur la presse à sérigraphie, entre des rails métalliques qui peuvent être relevés grâce à un bras mobile.

L'écran est ensuite bloqué sur ces rails par des serrages puis voit ses bords recouverts de scotch par les élèves, afin de prévenir tout passage d'encre par des parties dépourvues de motifs et non recouvertes d'émulsion.


L'écran se voit superposé exactement au typon, afin de prendre des repères permettant aux futures feuilles de papier d'être calées avec précision, et aux motifs d'être sérigraphiés au même emplacement dans chaque feuille.

PHASE D'ENCRAGE : Les élèves choisissent, parmi l'ensemble des pots, une seule couleur d'encre à eau de sérigraphie, un jaune doré pour les premiers tirages. Le pot d'encre est ouvert et remué puis mélangé avec un retardateur de séchage et d'un liquide anti-mousse.

Anne Séchet verse l'encre jaune, d'apparence crémeuse, au bord du cadre, en avant d'une large raclette en caoutchouc. L'écran est nettoyé pour éviter toute poussière qui pourrait obturer les mailles et modifier l'impression des motifs.

PHASE DE NAPPAGE : Anne Séchet répartit ensuite l'encre sur la totalité de l'écran, de bas en haut, avec la raclette, et place le premier support de format Raisin en dessous.

PHASE D'IMPRESSION : Deux élèves raclent à nouveau l'encre mais cette fois, de haut en bas, en ramenant l'encre avec la raclette inclinée à 45° et en appuyant fortement pour que l'écran touche le support (aidé en cela par un système d'aspiration électrique) et que l'encre y imprime les motifs. Le moment est magique car les motifs dorés apparaissent sur le premier tirage sur fond blanc. Cependant, l'heure n'est pas à la contemplation mais à l'action car l'encre risque de sécher très vite sur l'écran et il faut donc nettoyer et humidifier les motifs de l'écran et enchaîner rapidement les tirages.

Chacun des élèves se voit ainsi attribuer un poste et un geste : apporter le format Raisin, le caler sur les repères, racler l'encre (nappage et impression), relever l'écran et retirer le support, le ranger sur le séchoir, rajouter de l'encre, nettoyer et tenir humidifiées les zones de motifs de l'écran. Une par une, des feuilles d'adhésif de couleur puis les feuilles peintes à l'acrylique diluée (préalablement réalisés en classe par les élèves) sont positionnées sur la presse.

A plusieurs reprises, les gestes sont répétés, de plus en plus au point, et le travail en équipe s'organise dans la rapidité.

Un changement de couleur d'encre est décidé. Toute l'encre restant sur l'écran est alors récupérée. L'encre restant sur la raclette est de même remise dans son pot d'origine et ce dernier est ensuite nettoyé et hermétiquement refermé. Sur l'écran, les zones des motifs sont nettoyées pour enlever toute trace de la couleur précédente et éviter l'obstruction potentielle des mailles du fait du séchage de l'encre.

Les élèves ont choisi un dégradé de bleu et gris. Sur l'écran parfaitement nettoyé et humide, une élève dispose trois encres de couleur différente qui sont ensuite étalées. Les tirages reprennent ensuite de plus belle, avec une organisation bien rodée. Les derniers supports sont utilisés et certains de ceux encrés en doré bénéficient même d'un second passage avec ces encres gris-bleues, avec un léger décalage volontaire dans leur placement pour créer un dédoublement coloré des formes.

C'est la fin de l'atelier et de la matinée. Tous les matériels utilisés doivent être désormais nettoyés, lavés ou brossés et rangés. Avec Anne Séchet, les élèves s'activent donc à tout remettre en état et en place. Dans les cas où l'écran doit être réutilisé pour d'autres typons, une phase de dégravage avec un produit est indispensable, afin d'enlever toute trace des motifs qui y sont présents. 
Le professeur présente ensuite plusieurs pages d'un ouvrage imprimé et les fait observer au compte-fils par chacun des élèves afin qu'ils puissent y discerner là aussi la présence d'une trame des couleurs superposées (CMJN : Cyan, Magenta, Jaune, Noir) utilisées en quadrichromie.

Le moment convivial du repas à la cafétéria de la Villa Arson réunit élèves et professeurs et permet d'échanger sur le vécu de cet atelier ainsi que sur les projets d'orientation professionnelle des élèves. 
Les sérigraphies n'étant pas encore sèches à l'heure de notre départ, du fait du temps humide, elles restent à l'atelier où elles seront récupérées et photographiées vendredi prochain, lors de la venue du groupe suivant. 


POUR EN SAVOIR PLUS SUR LES TECHNIQUES
 ET L'ART DE LA SÉRIGRAPHIE